JURI-CE

Projet de loi El Khomri

Le projet de loi de réforme du droit du travail de Myriam El Khomri  a été présenté lundi dernier aux partenaires sociaux par  le Premier Ministre comprenant les dernières modifications apportées au projet. Cette nouvelle version sera présentée le 24 mars prochain en Conseil des Ministres.

Ce projet a été élaboré en s’appuyant  à la fois sur le rapport Badinter et sur le Rapport Combrexelle, reprenant leurs principales préconisations, en vue de réécrire le code du travail.

Le gouvernement espère ainsi, grâce à ce projet, augmenter la croissance et accroître l’emploi à travers la formation professionnelle, le renfort du dialogue social et le recours plus favorable au CDI.

 

Ce que prévoit principalement le projet de loi 

 

 Le gouvernement souhaitait imposer un plafond d’indemnisation au juge prud’homal pour les salariés victimes d’un licenciement abusif. Finalement ce dernier est revenu sur sa position en lui substituant un barème indicatif des indemnités prud’homales. Ce barème n’ayant pas de valeur normative, ne figurera pas dans la loi, mais sera « un référentiel national sur lequel le juge peut s’appuyer ».

L’appréciation de ces difficultés économiques se ferait dans le secteur d’activité de l’entreprise au niveau national, même si celle-ci appartient à un groupe dont les autres filiales à l’étranger sont bénéficiaires.

Il appartiendra alors au juge de vérifier que les difficultés économiques avancées par l’entreprise n’ont pas été « créées artificiellement pour procéder à des suppressions d’emplois ».

Le référendum pourra être demandé par un ou plusieurs des syndicats signataires, mais pas par la direction de l’entreprise. La consultation est organisée à l’issue d’un délai de huit jours après la demande. Elle peut se faire par vote électronique si l’employeur et les syndicats signataires concluent un protocole spécifique.

Ces dispositions s’appliqueraient dans un premier temps, qu’aux accords portant « sur la durée du travail, les repos et les congés ». Le dispositif serait généralisé à tous les accords « au plus tard le 1er septembre 2019 ».

Ainsi, afin de permettre aux entreprises de s’adapter à des pics d’activité ou de faire face à de gros projets, il serait possible, par accord d’entreprise, de moduler le temps de travail sur une période supérieure à un an, sous réserve d’un accord de branche, sans pouvoir aller au-delà de 3 ans.

Les dispositions relatives à la révision et à la dénonciation des accords collectifs seraient rénovées. Leurs conditions d’accès seraient plus faciles, notamment par leur mise en ligne.

 

 

Le nombre de branches serait réduit, le but étant de passer de 750 branches actuellement à 200 dans 3 ans avec une étape intermédiaire de 400 branches à la fin de l’année 2016.

Les branches auraient notamment pour rôle de définir un socle social applicable à tous les salariés et d’encadrer certaines souplesses désormais offertes aux entreprises comme la modulation du temps de travail sur une période supérieure à l’année.

En outre, elles pourraient conclure des accords-types directement applicables dans les TPE-PME.

 

 

Quelques réserves émises sur le projet de loi portant réforme du droit du travail

 

Malgré les nouvelles propositions du Gouvernement aux partenaires sociaux, il semblerait que ce projet de loi comporte quelques lacunes et quelques contradictions, suscitant encore la plus grande interrogation quant au respect des droits des salariés acquis ultérieurement.

 

Par exemple, il est prévu qu’un accord collectif pourra modifier la période de référence du décompte des heures supplémentaires pouvant aller jusqu’à 3 ans. Or, il est d’ordre public que les heures supplémentaires se décomptent sur la semaine.

La limite entre ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas n’est pas, dans ce cas, précisément définie.

 

 

 

 

Or, nous savons que les conséquences d’un licenciement pour motif personnel ne sont pas les mêmes que celles d’un licenciement pour motif économique.

 

Le projet de loi parle de difficultés économiques qui auraient été créés « artificiellement ». Mais ce terme «  artificiellement » ne fait référence à aucune jurisprudence existante qui considère « l’attitude intentionnelle et frauduleuse de l’employeur » déjà bien définie. Cette utilisation pourrait, à l’avenir, présager certaines difficultés d’interprétation par les différentes juridictions.

Ainsi, il apparait qu’un certain nombre d’éléments du projet de loi sur la réforme du droit du travail ne favorise ni la sécurité juridique, ni la protection des droits fondamentaux du salarié, permettant quelque peu à l’entreprise de gagner en autorité.

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